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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 18:01

A l'heure même où j'écris, j'entends les hurlements des Rafale qui décollent de l'aéroport de N'Djaména vers le Mali. Le bruit est assourdissant. Depuis samedi soir dernier, décollages et atterrissages se succèdent, surtout la nuit, semble-t-il. Les chasseurs et les Transal décollent pour aller bombarder les "terroristes" ou acheminer du matériel et des soldats français de la mission Epervier, stationnée au Tchad, et qui vont se battre au Mali.

 

J'ai passé la semaine au Cameroun, pour un stage de travail ; je n'ai donc suivi l'évolution de l'actualité que sur l'écran de télé dans ma chambre d'hôtel. Un ami camerounais, retrouvé là-bas, dès les premiers instants que nous passons ensemble, m'exprime tout le bien qu'il pense de cette intervention de la France. Alors que, lors des derniers événements en Côte d'Ivoire, après l'élection de Ouattara, le fait que des soldats français aient participé à la chute de Gbagbo l'avaient amené à une condamnation très forte de cette "ingérence néo-coloniale" de la France, cette fois-ci, il est au contraire beaucoup plus positif que moi, et soutient sans réserve cette opération française.

 

A la télé, je regarde les Maliens, au bord des routes, crier leur enthousiasme au passage des convois de militaires français, des gens agitent des drapeaux bleu-blanc-rouge, une femme émue explique que, si les Français n'étaient pas venus, elle aurait été tuée, bref on ressent par bouffées une sorte d'élan d'émotion patriotique à voir tous ces beaux militaires allant libérer de pauvres Noirs dans la poussière rouge du Sahel, c'est très gratifiant.

 

Le président du Tchad lui-même, Idriss Déby Itno, qui déclarait, début décembre lors de son dernier passage officiel à Paris, "si les Français ne sont pas compétitifs, tant pis pour eux" le même vient d'affirmer, avant-hier : "L'Afrique doit soutenir la France, elle doit remercier la France..."

 

L'Afrique doit remercier la France ! Ca alors. C'est bien la première fois que j'entends une chose pareille, ça mérite d'être souligné.

 

Le Tchad envoie même un contingent au Mali, après avoir longtemps hésité. Un bataillon des forces spéciales de l'armée nationale tchadienne est déja sur place depuis mercredi, et deux mille hommes sont promis par N'Djaména. Un article de la presse malienne salue l'arrivée de ces "fous du désert", comme on les surnommait lors de la guerre qu'ils gagnèrent contre la Lybie. Au Cameroun, et me semble-t-il partout en Afrique centrale, les Tchadiens ont la réputation de guerriers sanguinaires. "Ils vont aller bien tuer tous les Islamistes !", me soutient une Tchadienne, assez satisfaite.

 

A N'Djaména, on a reçu de nouvelles consignes de sécurité. Une note nous informe qu'"aucune personne, aucune organisation, aucun groupe" ne peut garantir la sécurité des Français dans les zones rouges du Niger et de la Mauritanie ; qu'"aucun endroit ne peut plus désormais être considéré comme sûr" dans la "couronne sahélienne".

 

Un journal algérien notait (avant la prise d'otages récente qui a eu lieu sur le sol algérien) que le serval, nom de code l'opération française au Mali, un félin qui peut pisser jusqu'à 30 fois par jour pour marquer son territoire, convient bien à cette opération par laquelle la France pisse à nouveau sur son pré carré néo-colonial pour marquer son territoire, et la comparaison est filée sur le site français de Force Ouvrière : cette fois, ce n'est pas de la pisse, mais du sang et des bombes qui vont pleuvoir sur le Mali, etc. 

 

Commentaire de Aliou Maiga, pour le journal malien l'Indépendant, 17 janvier 2013 : 'Pour revenir au Serval, je rappelle que ce petit animal appelé aussi chat sauvage des savanes africaines appartient à la famille des félidés, il est connu pour sa grâce avec une robe tachetée, son intelligence et son courage. Malgré sa petite taille (il ne mesure pas plus de 90 cm) il n’hésite pas à s’attaquer aux chameaux qui violent son territoire. Sa stratégie consiste à leur couper les jarrets puis à se régaler de leurs bosses. Cela arrive très souvent. Ce n’est certainement pas un hasard si l’intervention française porte le nom de cet animal parce qu’il y a des chameaux à terrasser chez nous et à côté."

Conclusion : "Vive la France, vive le serval !"

http://www.maliweb.net/news/contributions/2013/01/17/article,119387.html

 

Cette histoire me fait penser au tout début de la colonisation française du Tchad. Un méchant esclavagiste, Rabah, était venu du Soudan razzier, piller et esclavagiser le territoire de l'actuel Tchad. Il avait déja envahi les Saras, détruit le royaume du Kanem, et s'apprêtait à en faire autant avec les Baguirmiens. Leur roi, Gaourang II, fit appel à la France. Trois colonnes de troupes de marine, venues de l'Algérie, du Sénégal et du Congo, convergèrent vers le Tchad où elles écrasèrent Rabah à Kousseri, avant de fonder Fort-Lamy (N'Djaména).

Bien sûr, mais l'Histoire ne se répète jamais, comme chacun sait.

 

 

young serval in nyika national park malawi photo d allen Serval

   Un serval.

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commentaires

R
Amen.<br /> On va peut-être vendre des Rafale, mais on va peut-être aussi en casser, alors je sais pas si c'est vraiment "gagnant-gagnant". C'est pas grave, c'est vos impôts qui paient.
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P
C'est réjouissant de revenir pisser dans son bac à sable et d'éradiquer l'islamiste dans les dunes, d'autant que cela semble faire plaisir à tout le monde. Puissions nous aussi vendre des Rafales.
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G
Bravo ben, encore plein d'autres billets sur la guerre. Tu es notre reporter sur place.
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