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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 08:50

Comme disait Sartre, "je suis seul et délaissé dans le monde, non au sens où je demeurerais abandonné et passif dans un univers hostile, comme la planche qui flotte sur l'eau, mais au contraire au sens où je me trouve soudain seul et sans aide, engagé dans un monde dont je porte l'entière responsabilité."

 

C'est justement ce qui vient de m'arriver ce matin, avant même que j'aie eu le temps de boire mon café, et Dieu sait si je me sens abandonné et délaissé comme un sac plastique dans une décharge municipale avant d'avoir bu mon café. 

 

Je venais de mettre ma deuxième chaussette, et, au moment d'introduire mon pied dans ma chaussure, mes orteils ont rencontré un contact bizarre au fond du tunnel obscur que forme un soulier en cuir : le contact d'une chose qui bouge.

 

Réprimant à grand-peine un cri d'horreur, j'ai retiré mon pied et secoué énergiquement la chaussure : deux espèces de grillons horribles, noirs et hérissés d'antennes et d'hélices en sont tombés. D'instinct, je les ai écrasés l'un sur l'autre sous la semelle de la chaussure avant de les balayer dehors. Et, soudain, je me suis ainsi trouvé engagé dans un monde inconnu et terrifiant, dans lequel je trouve et tue des bêtes repoussantes dans mes pompes, pourquoi pas dans mon lit et bientôt dans mon slip.

 

Je refuse d'assumer ma responsabilité dans l'existence d'un monde dans lequel l'horreur, la violence et le meurtre précèdent le petit déjeuner. Sartre pourra bien me traiter de salaud de mauvaise foi, rien à faire. L'existentialisme, un humanisme? Mon cul. 

 

Il y a en ce moment à N'djamena une invasion de bêtes toutes plus repoussantes les unes que les autres. Des dizaines de crapauds se réunissent sous mes fenêtres ; un soir, en rentrant, j'en ai trouvé trois ou quatre dans ma chambre. La nuit, j'ai rêvé que j'étais poursuivi par un énorme crapaud, gros comme un chien, paniqué et qui sautait partout autour de moi, si maladroit dans sa panique qu'il me heurtait avec son horrible peau visqueuse.

 

Le jour, pour me détendre, je vais nager à la piscine; ici encore, tout en travaillant mon crawl, lorsque j'ouvre la bouche pour respirer, j'avale des sauterelles noyées qui flottent à la surface. Au fond, sous l'eau, d'énormes scorpions d'eau se collent au carrelage de la piscine. Une baigneuse qm'a raconté que ces bêtes, quoique inoffensives, s'accrochent parfois à son maillot de bain et font ainsi sur elle quelques longueurs.

 

 Aristote prétendait que le spectacle de la nature est toujours beau. On voit bien qu'il a passé toute sa vie en Grèce.

 

 

 

 

 

 

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commentaires

G
Mais qui est ce Bernard ? J'ai dû louper un épisode... Moi j'ai trouvé le moyen de ne pas me faire envahir par les rats : les laisser tranquille. Il paraît que si on les tues, d'autres viennent en<br /> plus gros nombre. C'est peut-être une leçon à méditer pour les grillons ?
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R
Et non contents d'être laids à faire peur, les grillons mangent mes chemises. Ce matin, je me suis rendu compte de la présence de deux trous dans ma chemise. "Mais ça c'est les grillons qui mangent<br /> vos chemises", m'a dit Bernard sur un ton de reproche comme si c'était moi qui en étais responsable.
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Q
le coup du cafard que j'écrase dans la chaussure le matin, ça m'est arrivé dans mon 1er appart à Paris, XVIIIe. Aristote n'y est pas allé non plus. Au fait va voir un peu ton mail.
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G
Mon pauvre Ben. Je te comprends un peu, les rats, les belettes ou les loirs qui fréquentent ma cabane font un raffût extraordinaire en ces mois d'automne. En même temps, mes amis brésiliens m'ont<br /> dit que si je les tuais, d'autres viendraient en encore plus grand nombre.
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M
Hello Benoit !! Tu sais, en France, fumer n'a toujours pas été dépénalisé !!Attention de ne pas te faire repérer ! Bises.
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